"C'est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces bruits déments. C'est que c'est toute autre chose. Tenez, avant mes premiers tableaux, j'ai eu l'impression que tout un aspect de la réalité n'avait pas encore été peint : l'aspect hideux. La guerre, c'était une chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tout prix. Il faut avoir vu l'homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu. » — Otto Dix
Par Louis-Charles Marsolais
Issu d’un milieu ouvrier (sont père travaillait dans une mine de fer), Otto Dix est cependant confronté à la peinture et la musique dès son plus jeune âge grâce à sa mère. Étant adolescent, Dix suit des cours de peintures et a le privilège de fréquenter l’École des arts appliqués de Dresde, en 1910, grâce à une bourse d’études fournie par le Prince de Reuss. En 1914, la Première Guerre mondiale éclate et Dix se porte volontaire en tant que mitrailleur auprès de l’armée allemande pour soi-disant faire l’expérience de la peur et de la mort.
La guerre le traumatise profondément. Elle deviendra le thème majeur de son œuvre, comme en témoignent plusieurs de ses travaux (Le Musée des beaux-arts du Canada possède le portfolio complet des eaux-fortes de la série « Der Krieg » (la guerre), inspirées des souvenirs qu’a l’artiste de la Première Guerre mondiale.)
Après la guerre, Dix étudie à l’Académie des arts de Dresde et son art devient de plus en plus cruel et agressif. Loin de vanter les mérites de ses camarades combattants, il dénonce la barbarie et la sauvagerie de ceux-ci. De 1920 à 1923, il peint La tranchée, illustrant les corps démembrés et décomposés de soldats. Cette toile provoque une telle fureur chez le public que le musée qui avait acheté cette toile doit la retourner au peintre.
À leur arrivée au pouvoir en 1933, les dignitaires nazis jugent l’art de Dix « dégénéré » et le font renvoyer de son poste de professeur à l’Académie de Dresde. Plusieurs de ces œuvres sont exhibées lors de l’exposition «Spiegelbilder des Verfalls» (Reflets de la décadence) et sont ensuite brûlées (notamment La tranchée).
Otto Dix meurt le 25 juillet 1969, d’un Infarctus laissant derrière lui le témoignage imagé d’une vie dévouée à l’exploration de l’horreur humaine.
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Otto Dix - 1933 - Les sept péchés capitaux |